« Appelez moi Lorca Horowitz » de Anne Plantagenet : Je est une autre
Dans « Appelez moi Lorca Horowitz », Anne Plantagenet revient sur un fait divers qui a défrayé la chronique espagnole. Elle y découvre d’étranges similitudes avec sa propre histoire.
Quelle blessure Lorca Horowitz cache t’elle? Quelle enfant a-t’elle été? Quel drame cherche t’elle à réparer? Anne Plantagenet entend répondre à toutes les questions afin d’éclairer le fait divers de l’intérieur, guidée par une intuition « Lorca avait souffert d’amour et (…) ce chagrin là était peut être à l’origine de ses actes ». Peut être aussi à l’origine du désir d’écriture de la romancière. Comme son personnage, elle a vécu en Espagne. Comme elle, elle a aimé un homme. Comme elle, elle a été broyée par la passion amoureuse. A la différence d’elle, elle ne passera pas à l’acte. « Je me rêvais, peut être, en Lorca Horowitz« , écrit celle qui s’interroge sur notre fascination pour le fait divers avec une certitude, « ce n’est pas l’auteur qui choisit le fait divers, mais le fait divers qui arrive jusqu’à lui et vient le débusquer dans ses retranchements les plus solides ». Ainsi, et tandis qu’Anne Plantagenet enquête sur Lorca Horowitz, c’est en réalité elle même qu’elle va trouver. Ce glissement d’une voix à une autre, d’une identité à une autre fait la force de ce roman ainsi que son caractère hypnotisant. Bientôt le lecteur, troublé, ne sait plus qui parle de l’auteur ou de son personnage. Dans « Appelez moi Lorca Horowitz« , roman sur l’identité s’il en est, une femme en cache toujours une autre.
D’où vient notre attirance irrépressible pour les faits divers? s’interroge la romancière. « Ils sont le spectacle, donné par d’autres de nos pires divagations, de nos utopies les plus condamnables, ils bafouent notre censure ». Pourquoi choisit-on d’écrire sur tel fait plutôt que sur tel autre? Sans doute parce que l’on se reconnaît dans leur auteur, aussi abominable qu’ ait pu être leur crime. Ainsi Jean Genet écrit sur le meurtre des soeurs Papin « parce qu’il se reconnaît en bonne humiliée ». Même chose pour Emmanuel Carrère qui dans « L’Adversaire » part sur les trace de Jean-Claude Romand. « Ecrire c’est tenter de suivre les traces de sa propre énigme révélée par le crime d’un ou d’une autre », affirme la romancière qui dans « Appelez moi Lorca Horowitz » en fait une démonstration saisissante.
Appelez moi Lorca Horowitz – Anne Plantagenet – Stock – 216 pages
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