« Nuit d’épine » de Christiane Taubira, Prix Castel du roman de la nuit 2020 📚
« Nuit d’épine » vient de se voir décerner ce prix qui récompense chaque année un livre dont la nuit est l’un des personnages voire le sujet. L’ancienne garde de Sceaux et ministre de la Justice y raconte les moments marquants de sa vie mais plus encore de ses nuits. Un hymne flamboyant dans lequel la plus littéraire de nos politiques affirme haut et fort sa passion pour l’écrit.
« La littérature est mon guide« , affirme celle qui n’a cessé d’en donner la preuve tout au long de son mandat. Une passion qui remonte à l’enfance et a toujours eu partie liée avec la nuit. Ses nuits guyanaises où, petite fille déjà, elle lisait à la lueur d’un faible lampadaire en cachette de sa mère. Une habitude qui scellera à jamais sa relation à la nuit, associée depuis à « l’espace des possibles« , la transgression, la liberté. « Lieu de résistances, de dissidences, de résilience, carrefour de toutes les sécessions et des plus improbables renaissances« . Si Léopold Senghor » proclame la nuit plus véridique que le jour« , Christiane Taubira en donne la preuve dans ce récit autobiographique aussi flamboyant que poétique dont le titre aurait pu être: Mes nuits sont plus belles que vos jours.
Certaines seront douces, d’autres violentes. Comme celle des attentats du 13 novembre 2015, nuit d’autant plus cruelle que l’air était doux ce soir-là « comme s’il était indifférent à cette affliction et cet effroi collectif« . D’autres seront combatives comme celles à l’Assemblée autour du mariage pour tous, où Christiane Taubira malgré un cathéter au bras ne lâchera rien. Un courage et une opiniâtreté venus d’une autre nuit, là aussi. La seule et unique où elle dormira d’un sommeil de plomb alors qu’elle ne connaît que l’insomnie: celle de la mort de sa mère. Christiane Taubira avait 16 ans. Cinq frères et sœurs à la maison. Son frère aîné se battra pour qu’aucun d’entre eux ne soit envoyé séparément en foyer ou en famille d’accueil. La solidarité fera le reste.
De ce choc de l’enfance, l’ancienne garde des Sceaux fera sa force. « Je décidai, en ces jours de conjuration du malheur familial, que je serais à vie invulnérable et invincible« . Elle le prouvera à de multiples occasions et n’hésitera pas, le moment venu, à donner sa démission. Une décision qu’elle prendra… la nuit, en son âme et conscience.
Plon – 288 pages
(Photo de couverture de l’article © Stephane de Bourgies)
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