Alertez les bébés ! Les carnets d’ailleurs 🇺🇸 de Marco et Paula #239
Paula découvre la « Baby Shower Party », une institution bien américaine, gâteau de couches en option.
Me voici invitée à une fête prénatale. On appelle cette fête « baby shower party » qui, de ce que je comprends, est un jeu de mots entre la présentation (le show) et la douche (shower) de cadeaux qui l’accompagnent. Mais en fait, point de bébé puisqu’il est encore un fœtus de 7 à 8 mois. Il s’agit pour la future mère de partager l’événement à venir avec des amis, de la famille ou des collègues de travail.
Autrefois, cette fête exclusivement féminine était l’occasion pour les femmes ayant déjà enfanté de prévenir la primoparturiante de ce qui l’attendait. Aujourd’hui, même des femmes déjà mères en organisent pour elles-mêmes. Les enfants et les hommes sont invités. Je suis assez surprise car j’ai fréquenté des cultures où évoquer une naissance à venir n’était pas de bon ton afin de ne pas attirer le mauvais œil.
La fête à laquelle j’ai participé était joyeuse et simple, principalement l’occasion pour une petite équipe de travail de se retrouver dans un contexte festif dont le repas suivi de quelques jeux et remise de cadeaux était le point d’orgue. Il n’a pas été question de suivre la nouvelle tendance qui est d’offrir un gâteau de couches, une pièce montée constituée de couches enroulées et retenues par des rubans (rose et gris pour les filles, vert et bleu pour les garçons); on croit être dans un mauvais rêve et nul ne dit si on peut réutiliser les couches après ou juste les mettre à la poubelle.
Les couches sont un cauchemar écologique. Si les bébés n’en ont pas l’exclusivité puisque les rayons de couches pour adultes s’allongent au fur et à mesure que vieillit la population occidentale, ils en sont gros consommateurs. Et une couche pollue, ce qui a amené des adultes à s’interroger sur les impacts écologiques des jeunes enfants et si certains adoptent courageusement les couches lavables, d’autres plus radicaux vont jusqu’à décider de ne pas enfanter.
Ces militants sont les GINKs (Green Inclination, No Kids), une tendance qui a pris pied aux États-Unis et cheminé jusqu’en France. Ces jeunes adultes, décident de ne pas avoir d’enfant soit parce que l’avenir de la planète les terrifie et qu’ils ne souhaitent pas mettre au monde leur progéniture dans l’enfer qui est annoncé, soit parce qu’il y a déjà suffisamment d’humains et en rajouter n’apportera rien de valable. En écoutant un long reportage radio sur France Culture à leur sujet, j’ai constaté que ces deux motivations se mêlaient.
J’ai également retenu que l’argument écologique rendait cette décision, socialement mal perçue, plus acceptable. Ne pas avoir d’enfant ne serait plus considéré comme un échec ou une preuve d’égoïsme mais comme un geste altruiste. Cela fait une trentaine d’années que j’ai pris cette décision et m’y suis tenue. Je me contrefiche de ce que les gens peuvent en penser, y compris dans les pays dans lesquels j’ai vécu où une femme qui ne devient pas mère n’est rien, même moins que rien (une bouche inutile à nourrir). Toutefois, je comprends que l’inversion de la tendance peut faciliter la prise de décision.
En se promenant virtuellement sur les pages consacrées aux Ginks, il apparaît clairement que les croyants religieux en tout genre ne voient pas cette tendance d’un bon œil. Sur un site catholique, je lis, médusée, cet argument: si les écologistes cessent de faire des enfants, il n’y aura bientôt plus sur terre d’écologistes pour la sauver. Il fallait y penser.
Toutefois, je trouve bien plus jubilatoire cette expression glanée lors de l’émission radiophonique « plus on est de fous, plus on dépérit ».
Et en matière de folie, je suis servie en ce moment où je travaille sur le document support d’un atelier consacré à la prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest. A l’issue de l’atelier, si j’y participais, je serai encore plus dubitative sur nos capacités à le prévenir et encore plus encline, comme le chantait Jacques Higelin, à alerter les bébés!
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