De l’art de faire sujet
Lulu femme nue de Solveig Anspach, avec Karin Viard
Ces deux-là, Solveig Anspach et Karin Viard ont déjà travaillé ensemble en 2000 quand la comédienne fut dans Haut les cœurs ! le double cinématographique de la réalisatrice qui explorait alors les chemins de ce que la peur fait appeler «une longue maladie». Karin Viard y avait gagné un César de meilleure actrice.
On imagine donc une complicité dans ces retrouvailles scellées dans l’adaptation libre de la bande dessinée Lulu femme nue d’Etienne Davodeau.
Critique, extrait et entretien avec Karin Viard …
A 14 ans d’écart, toujours avec cette légèreté qui lui permet de contenir le tragique, la cinéaste pose la question du sujet et de son désir de vivre et desurmonter ou de trouver ce qu’il est quand la société ou son entourage l’empêchent de le savoir. Lulu était bien nue jusqu’à ce jour –c’est l’entame du film- où un entretien d’embauche, amusant pour le spectateur mais sinistre pour elle, lui fait rater un train et lui permet d’oser prendre son temps : un, puis deux, puis plusieurs jours loin de sa condition sociale et de son assignation à un rôle de mère -on l’imagine suffisamment bonne- de trois enfants mariée à un homme gris mais violent.
Elle n’a pas d’argent, mais la mer et ses sensations sont à deux pas. Elle n’a pluspersonne mais le hasard et les inconnus des chemins de traverse valent mieux que l’inexistence dans le regard des siens. Karin Viard flotte avec justesse dans cette incarnation d’une femme au tournant, gentille sans mièvrerie, plus intelligente qu’intellectuelle. De quoi croiser quelques laissés pour compte : Charles (Bouli Lanners) récemment sorti de prison et chaperonné par deux frères aux pieds nickelés. Charles qui lui fait la cuisine et lui offre l’occasion de repenser ses rapports amoureux etdomestiques. Marthe (Claude Gensac), vieille femme aussi solitaire qu’énergique qu’elle vole avant l’amitié et l’entraide, Virginie (Nina Meurisse), une serveuse de bar houspillée par sa patronne (Corinne Masiero) qu’elle aidera à faire un choix.
Il y a une belle humanité dans ce film. Une manière de filmer juste au plus près du banal et du quotidien. Solveig Anspach est aussi documentariste.
Articles Liés
- Ciné, cinoche #260214
Un quart-monde moyenâgeux, en Europe, en Bosnie, à deux heures d'avion de Paris. Une famille…
- "Tonnerre" (Guillaume Brac)
Tonnerre de Guillaume Brac – 1h40 Coups de foudres Maxime, 35 ans, rocker solitaire parisien, à…
- "Les rencontres d’après minuit" (Yann Gonzales)
Les rencontres d’après minuit – Yann Gonzales Les rencontres d’après minuit – Yann Gonzales – 1h32…
-
« Hollywood, ville mirage » de Joseph Kessel: dans la jungle hollywoodienne
29/06/202052670Tandis que l’auteur du Lion fait une entrée très remarquée dans la ...