« Ana, mon amour » du roumain Calin Peter Netzer: un anamour 🎬
Brillant autant que douloureux. Le cinéma roumain dans le meilleur de son savoir-faire à montrer le réel.
Dans la chambre d’une cité U, Ana et Toma, jeunes, beaux, normaux, échangent sur Nietzsche et le nazisme, et d’autres grandes idées dont on se croit persuadé quand on ne sait pas encore grand chose autrement que ce qu’en disent les livres. Peu importe, c’est une entrée en matière, la proximité verbale est aussi une ronde qui annonce un protocole amoureux. Mais voilà Ana prise de malaise, de suffocation, une crise de panique qui pourrait tout gâcher. Au contraire, en la rassurant de ses mots et de ses mains, Toma scelle le début d’une passion sans limite. Sans limite?
Les nouveaux tourtereaux se présentent à leurs parents respectifs qui, pour des raisons bien différentes mais avec la même violence, condamnent leur liaison. Qu’importe, l’addiction des corps ne souffre aucun commentaire.
Plus gênantes, plus angoissantes, les crises de panique d’Ana qui se répètent, un nouveau traitement antidépresseur ne parvient pas à régler ses conflits internes, peut-être un père biologique en fuite et qui manque, ou un beau-père aux comportements ambigus, en tout cas c’est lourd. Toma – qui a aussi des casseroles dans sa tête – aide, gère, aime. Dans une apparence de mieux, un enfant naît de la fusion des corps, on sait que ça n’est pas une solution pour un couple en crise, c’est bien le cas désormais de celui-ci. Il n’est pas préjudiciable au film de dire qu’après un retournement de situation, le crash adviendra, au contraire, on sera plus attentif à la mise en place minutieuse d’une logique d’échec.
Ana, mon amour est un film douloureux, un film fort, un film inscrit dans le réel.
On s’amuse à jouer de son titre. Ana-chronique d’une névrose, Ana-morphose, comment l’amour déforme la raison, Ana-tomique, imparable déflagration, Ana-lyse, la psychanalyse dans son ésotérisme mystérieux est interrogée, tout autant que la superstition religieuse. Ou, tout simplement, en empruntant à Gainsbourg, Anamour.
L’amour est-il toxique, pervers? Le réalisateur semble le penser qui dans son film précédent, Mère et fils, mettait en scène une mère qui dans un élan quasi-incestueux montrait le pitoyable combat d’une femme pour tenter de sauver son fils pourtant impardonnable. Il le suggère ici, à nouveau, avec une conviction et une efficacité cinématographique qui font baisser la garde. On assiste, malheureux mais médusé, à ce tourbillon qui vire au typhon parce qu’il n’y a pas de facilités d’effets, ou presque pas. Il y a surtout des subtilités de scenario, de mise en scène et de direction d’acteurs qui ne peuvent pas laisser indifférent. Les acteurs? On croit qu’ils ne jouent pas, sauf que pour incarner la passion, le trouble, la douleur de Ana et Toma, il faut jouer, Diana Cavallioti et Mircea Postelnicu sont étonnants de vérité.
Ana et Toma, un désamour, un naufrage cliniquement disséqué au bistouri cinématographique.
Les nouveaux tourtereaux se présentent à leurs parents respectifs qui, pour des raisons bien différentes mais avec la même violence, condamnent leur liaison. Qu’importe, l’addiction des corps ne souffre aucun commentaire.
Plus gênantes, plus angoissantes, les crises de panique d’Ana qui se répètent, un nouveau traitement antidépresseur ne parvient pas à régler ses conflits internes, peut-être un père biologique en fuite et qui manque, ou un beau-père aux comportements ambigus, en tout cas c’est lourd. Toma – qui a aussi des casseroles dans sa tête – aide, gère, aime. Dans une apparence de mieux, un enfant naît de la fusion des corps, on sait que ça n’est pas une solution pour un couple en crise, c’est bien le cas désormais de celui-ci. Il n’est pas préjudiciable au film de dire qu’après un retournement de situation, le crash adviendra, au contraire, on sera plus attentif à la mise en place minutieuse d’une logique d’échec.
Ana, mon amour est un film douloureux, un film fort, un film inscrit dans le réel.
On s’amuse à jouer de son titre. Ana-chronique d’une névrose, Ana-morphose, comment l’amour déforme la raison, Ana-tomique, imparable déflagration, Ana-lyse, la psychanalyse dans son ésotérisme mystérieux est interrogée, tout autant que la superstition religieuse. Ou, tout simplement, en empruntant à Gainsbourg, Anamour.
L’amour est-il toxique, pervers? Le réalisateur semble le penser qui dans son film précédent, Mère et fils, mettait en scène une mère qui dans un élan quasi-incestueux montrait le pitoyable combat d’une femme pour tenter de sauver son fils pourtant impardonnable. Il le suggère ici, à nouveau, avec une conviction et une efficacité cinématographique qui font baisser la garde. On assiste, malheureux mais médusé, à ce tourbillon qui vire au typhon parce qu’il n’y a pas de facilités d’effets, ou presque pas. Il y a surtout des subtilités de scenario, de mise en scène et de direction d’acteurs qui ne peuvent pas laisser indifférent. Les acteurs? On croit qu’ils ne jouent pas, sauf que pour incarner la passion, le trouble, la douleur de Ana et Toma, il faut jouer, Diana Cavallioti et Mircea Postelnicu sont étonnants de vérité.
Ana et Toma, un désamour, un naufrage cliniquement disséqué au bistouri cinématographique.
Ana, mon amour – Calin Peter Netzer (Roumanie) – 2h05
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