« Un saint homme », d’Anne Wiazemsky: l’amitié d’une vie
Les prêtres sont à l’honneur. Rien de comparable pourtant entre le « Saint homme » d’Anne Wiazemsky et « Léon Morin, prêtre » roman de Béatrix Beck publié en 1952 et adapté pour la seconde fois au cinéma (*). Dépourvue de toute ambiguïté, l’histoire que nous conte l’égérie de Jean-Luc Godard est celle d’une amitié qui a défié les années.
Lui c’est Marcel, jeune prêtre issu d’un milieu modeste qui sera son professeur de français. Elle, c’est Anne, petite fille de François Mauriac, venue en famille à Caracas. Quand il apprend que l’adolescente sera son élève, la réaction du jeune enseignant ne se fait pas attendre « Manquait plus que ça! Mince alors! « . Ce qu’il ignore alors c’est qu’entre la jeune fille et lui va naître une amitié qui durera toute une vie.
Anne quittera le Venezuela pour la France. Le père Déau sera envoyé en mission. Mais ni le temps ni les distances ne les sépareront. Où qu’il soit, le « Saint homme » sera toujours là pour celle qu’il appelle « son enfant de Dieu ». Au moment des adieux à Malagar propriété de François Mauriac cédée à la région Aquitaine. A la mort de sa mère. Mais aussi à la parution de chacun des livres de sa protégée en qui il a une confiance illimitée. Il la soutiendra toujours, envers et tout. Il est là chaque fois « assis au premier rang, entouré de quelques amis venus l’accompagner ». Il est le premier à avoir lu les rédactions de celle qui était loin encore d’imaginer qu’elle prendrait la suite de son illustre grand-père et à l’avoir encouragée sur la voie de l’écriture. De là à penser qu’il est à l’origine de sa vocation, il n’y a qu’un pas. Que l’auteur de « Une poignée de gens« ne franchit pas, préférant s’interroger:
Qu’est-ce qu’une vocation? Je ne me suis jamais posé cette question. Enfant, écrire était un plaisir. Après les années sont passées sans éteindre ce désir. Il était là, tapi, comme attendant son heure pour monter à la surface. A vrai dire, je me fiche de cette histoire de vocation mais (…) l’écriture est au cœur de notre amitié, de notre affection. L’idée que je continuerai à écrire pour nourrir ce lien avec le père Déau me plaît.
Anne Wiazemski, « Un saint homme »
C’est cette justesse, cette sincérité, cette pudeur aussi qui donne toute sa saveur à cet hommage rendu à un homme d’église qui fut bien plus que cela.
Un saint homme – Anne WIAZEMSKY – 128 pages (Gallimard)
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(photo d’illustration: © Sacha)
(*) La confession de Nicolas Boukhrief
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