Mot à mot: Thierry Thieû Niang « Au coeur » de la communauté plurielle des enfants
Cet homme a toujours eu la douceur de son écoute, quels que soient l’âge, l’origine, le corps ou l’esprit de celles et ceux à qui il offre une expression du corps. Aujourd’hui, complice de la chanteuse Camille, de l’auteure Linda Lê et du plasticien Claude Lévêque, ce sont des enfants et des adolescents avignonnais de toute origine à qui il offre une scène. De l’enfant à terre à l’enfant debout!
« Au coeur » Avec Pauline Abossolo, Eliott Allwright, Zoé Clément, Camille Deniau, Camille Dufour, Shana Lempereur, Timothée Lopacki, Loris Mercatelli, Anna Mazzia, Quentin Maximim, Mathieu Maximin, Dorine Parma, Pierre Tailleferd.
C’est en bi-frontal que « Au coeur » est donné dans le studio de la chartreuse de Villeneuve lez Avignon. Comme chacun, l’artiste a été choqué et ému par la photo d’Aylan, un jeune migrant mort sur une plage un jour d’exode en septembre 2015. Ce drame fut unique le temps de quelques unes et de l’hystérie des réseaux sociaux. Il est un parmi des milliers rejetés par la mer qui borde une Europe repliée sur elle-même et incapable de « gérer » la misère d’un monde qui la laisse à sa suffisance. Il lui inspire une nécessité: tomber pour toujours se relever. Pour le chorégraphe, l’enfance est le moment des essais, de l’accueil des transmissions, des apprentissages douloureux mais toujours des possibles. C’est ce que tente et dit ce spectacle initié et répété par de jeunes avignonnais, expérimentés ou pas, à l’occasion d’ateliers organisés à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon et à la Collection Lambert, puis à la FabricA. Ce spectacle prométhéen répond à un défi: tenir debout…
Thierry Thieû Niang poursuivra cette expérience à Paris et en province.
Repère biographique:
« Instituteur et psychomotricien de formation, le chorégraphe sait organiser les conditions du mouvement et de l’échange à venir car depuis longtemps, il cherche pour et avec tous les corps. Avec des enfants, des personnes âgées, des autistes ou des prisonniers, il crée des espaces où chacun peut exister avec les autres. Et raconte à tous que la danse est une joie simple et que marcher avec l’autre est déjà une manière d’être au monde. Un projet de vie. Aussi, il fédère autour de lui des artistes de tous horizons : Camille Dalmais, Linda Lê, Robin Pharo et Claude Lévêque pour ce nouveau projet ; Marie Desplechin, Ariane Ascaride, Anne Alvaro, Audrey Bonnet, Pierre Guyotat, Patrick Autréaux, Vincent Dissez et Philippe Forget, à d’autres occasions. Il collabore également au travail de metteurs en scène de théâtre et d’opéra – il a accompagné Patrice Chéreau sur ses dernières créations –, de chanteurs et de plasticiens. « Du Printemps », créé au Festival d’Avignon en 2011 avec 25 amateurs âgés de 60 à 90 ans, a été présenté dans le monde entier, intégrant à chaque étape des interprètes locaux à la distribution. » ©FestivalAvignon.
Camille a initié les enfants au chant a capella et l’écrivaine, d’origine vietnamienne -comme Thierry Thieû Niang- signe un texte sur les difficultés qu’engendre l’exil intérieur ou géographique pour les jeunes générations « déracinées » qui pourtant ne seront pas empêchées « de rêver d’un ailleurs ». Le propos est récité par la fillette de la troupe, solemnelle et tellement convaincante dans sa diction de grande.
Le plasticien était l’invité Des mots de minuit en juin 2009.
repère biographique:
« De la pyramide du Louvre à l’école Pierre Budin dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris, Claude Lévêque crée ses oeuvres pour des lieux et avec eux. Des oeuvres d’atmosphère, où des néons vibrants, mots d’enfants, ombres et objets du quotidien ouvrent des brèches dans le réel, souvent inquiétantes, parfois joyeuses, toujours vertigineuses. Depuis le début des années 1980, il présente son travail dans les plus grands musées et biennales d’art contemporain. Parmi ses installations emblématiques, J’ai rêvé d’un autre monde peut être découvert à Avignon, à la Collection Lambert. Pour Au coeur, Claude Lévêque a souhaité se laisser inspirer par la poésie quelquefois sérieuse des enfants… » ©FestivalAvignon
Le musicien -jeune lui aussi- Robin Pharo ponctue le spectacle avec sa viole de gambe.
> Tout Avignon sur des mots de minuit…
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