Marco & Paula : Carnets d’ailleurs #16: Paula dans l’entre-deux…
La vie nomade, ce n’est pas seulement le lointain et l’exotique, les bagages et les voyages, c’est aussi la vie en pointillé, elle ici, lui là-bas, puis les deux ici ou là, et enfin les entre-deux. Le nomadisme entraîne la discontinuité, les entre-deux : entre deux pays, entre deux postes, entre deux maisons, entre deux cultures…
Retrouver l’autre, c’est enfin cesser de parler à une image plus ou moins pixellisée, d’une voix plus ou moins distordue. C’est également pouvoir parler sans devoir calculer le décalage horaire. C’est aussi pouvoir rester tranquillement ensemble, sans parler. C’est plein d’autre choses bien sûr comme pouvoir se toucher, se humer et toute la palette de plaisirs que donnent les sens.
Retrouver l’autre, c’est aussi, lui refaire une place dans son quotidien, celui qu’on s’est construit pour se donner quelques repères dans son propre monde « discontinuel ». Toutefois, quand la présence se pointille, il ne faut pas s’y habituer, sous peine de déconstruire les garde-fous pour la pallier.
Comme nous sommes l’un et l’autre nomades, sans base fixe pour le moment, nos affaires sont ici et là, dans un container, un garde meuble, un grenier, au grand dam parfois de nos familles ou de nos amis chez qui nous avons déposé une malle, un carton, car « vraiment, là-bas où on part, on ne peux pas les emporter. Mais à la prochaine mission, promis, juré, craché, on vous débarrasse… » Un jour prochain, notre maison dans un autre là-bas, en travaux de longue haleine, sera habitable et nous réserverons au moins une de ses pièces à nos affaires, même si d’autres l’occupent.
Marco a refait sa valise pour un bref déplacement familial. L’entre-deux missions est consacré aux visites des proches, des amis, aux rattrapages culturels quoique j’ai appris à découvrir les films bien après leur sortie, à ne pas voir l’expo de cet artiste. J’attendrai la prochaine. Ma seule véritable frustration vient des concerts de musiciens ou chanteurs que j’admire vraiment mais qui sont tous des artistes frugaux, aux tournées rares. Si je suis présente au bon moment, il n’y a plus de place, si j’apprends qu’ils joueront, je renonce. Comment savoir où, moi, je serai à ce moment là.
L’actualité vient de brutalement balayer ces frustrations dérisoires : prise d’otages meurtrière au musée du Bardo, à Tunis. Atterrée. Désolée. En colère contre ces « ras du bulbe », ces « moules à gaufres », ces abrutis et ceux qui les manipulent à leur corps approuvant. Dans une dizaine de jours, j’ai programmé de partir 15 jours à Tunis pour une mission. Bien sûr que j’irai. Je refuse d’être terrorisée.
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