C’est un trio insolite et douloureux que l’israélien Asaf Korman installe dans son premier film. S’il pose la question de l’enfermement du handicap, il interroge aussi sur l’aveuglement de l’amour. Une réussite sensible.
Chelli – Asaf KORMAN (Israël) – 1h30
Chelli est employée dans une école, c’est quasiment sa seule activité sociale. Pas de mec, pas de sorties en boîtes, ce serait de son âge, de sa beauté, discrète mais sûre, et de son temps. Pourquoi? Parce qu’elle vit avec Gabby, sa sœur de 24 ans, lourdement handicapée mentale, et de cela elle ne veut pas parler, elle ne partage pas sa sœur, elle ne partage pas cette différence. Pourtant l’amour qu’elle porte à Gabby est total, pas un sacrifice, autant qu’elle le sache. L’appartement est foutraque puisque personne ne visite jamais ce huis-clos entre les deux sœurs. Gabby, pauvre d’elle, n’est pas facile à vivre, elle ne parle qu’au travers de son corps qui se révolte souvent, soudain agressive autant envers Chelli qu’envers elle-même quand dans un désespoir elle cogne machinalement sa tête contre le sol. Dans cette adversité, Chelli ne se décourage jamais, elle ne s’énerve jamais, toujours une solution, parfois des artifices, toujours son amour simple, spontané, pour sa sœur, sa part du handicap.
Mais cette bonne humeur compulsive masque un échec que va réveler l’arrivée à l’école et dans le film d’un nouveau prof de gym. Zohar est un bon gars, sain, il vit encore chez sa mère. Il propose à Chelli un plan fête, elle hésite, elle devrait révéler son secret, elle accepte et… se jette sur lui, trop envie d’un homme, enfin. Ils sont amoureux, Zohar s’installe chez Chelli, découvre Gabby et l’adopte. Au moins aussi attentif et efficace, il propose un regard nouveau, d’autres solutions à l’enfermement du handicap. Mais il pose aussi des limites, ne pas mélanger les intimités.
Ce qu’il se passe ensuite on ne le dira pas ici, ce serait tuer le film, il faut aller le découvrir dans la puissance aussi d’un coup de théâtre qui révèle ce que l’on croit impossible. Chelli n’est pas un thriller, c’est juste un film authentique et bouleversant. Sur le handicap? Non, pas seulement ou alors aussi sur le handicap social qu’il suppose et entraîne. Authentique et bouleversant, autant que son héroïne, ses héroïnes, tellement sincères. Formidable et rare d’aller sur ce terrain douloureux sans pathos et sans larmes. Sans angélisme non plus, c’est dur le handicap, c’est dur la désillusion.
Liron Ben Shlush, la femme du réalisateur Asaf Korman, est comédienne, elle est une frappante Chelli, elle est aussi et d’abord scénariste du film. Elle connaît bien le sujet, sa propre sœur est dans une situation de handicap très proche de celle de la Gabby du film. Le couple ne pouvait pas singer en étant aussi proche d’une réalité qu’il a mise à distance en fictionnant pour dire le réel. Performance construite grâce aussi à celle de Dana Ivgy qui joue Gabby, qui joue en effet, elle n’est pas handicapée, mais elle est -malheureusement- toujours convaincante dans son incarnation de ce qu’il est convenu d’appeler pudiquement une demeurée. Etre aussi légitime dans un tel rôle de composition, faut le faire…
Dans sa mise en scène, sombre, déterminée autant que discrète Chelli est un film juste, en tous points.
Mais cette bonne humeur compulsive masque un échec que va réveler l’arrivée à l’école et dans le film d’un nouveau prof de gym. Zohar est un bon gars, sain, il vit encore chez sa mère. Il propose à Chelli un plan fête, elle hésite, elle devrait révéler son secret, elle accepte et… se jette sur lui, trop envie d’un homme, enfin. Ils sont amoureux, Zohar s’installe chez Chelli, découvre Gabby et l’adopte. Au moins aussi attentif et efficace, il propose un regard nouveau, d’autres solutions à l’enfermement du handicap. Mais il pose aussi des limites, ne pas mélanger les intimités.
Ce qu’il se passe ensuite on ne le dira pas ici, ce serait tuer le film, il faut aller le découvrir dans la puissance aussi d’un coup de théâtre qui révèle ce que l’on croit impossible. Chelli n’est pas un thriller, c’est juste un film authentique et bouleversant. Sur le handicap? Non, pas seulement ou alors aussi sur le handicap social qu’il suppose et entraîne. Authentique et bouleversant, autant que son héroïne, ses héroïnes, tellement sincères. Formidable et rare d’aller sur ce terrain douloureux sans pathos et sans larmes. Sans angélisme non plus, c’est dur le handicap, c’est dur la désillusion.
Liron Ben Shlush, la femme du réalisateur Asaf Korman, est comédienne, elle est une frappante Chelli, elle est aussi et d’abord scénariste du film. Elle connaît bien le sujet, sa propre sœur est dans une situation de handicap très proche de celle de la Gabby du film. Le couple ne pouvait pas singer en étant aussi proche d’une réalité qu’il a mise à distance en fictionnant pour dire le réel. Performance construite grâce aussi à celle de Dana Ivgy qui joue Gabby, qui joue en effet, elle n’est pas handicapée, mais elle est -malheureusement- toujours convaincante dans son incarnation de ce qu’il est convenu d’appeler pudiquement une demeurée. Etre aussi légitime dans un tel rôle de composition, faut le faire…
Dans sa mise en scène, sombre, déterminée autant que discrète Chelli est un film juste, en tous points.
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