Sebastião Salgado, l’un des photographes majeurs de notre temps déréglé, et heureusement parmi les plus connus, les plus exposés. Infatigable témoin-voyageur, dans le formidable noir et blanc de ses images, il en a dit plus que bien des discours convenus. C’est cette authenticité que raconte le film de Wim Wenders et de Juliano Ribeiro Salgado, son fils, dans un documentaire astucieux et délicat.
Le sel de la terre – Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado – 1h49
Salgado fut d’abord un brillant économiste courtisé par les organisations internationales. Qui le savait? Il largue vite les chiffres et les combines et, parce que sa compagne Lélia -qui deviendra sa femme et son mentor- acquiert un petit boîtier, il s’intrigue de la photo. L’autodidacte trouve là l’occasion et la manière de montrer le contraire de la finance et donc de la guerre.
D’abord au Brésil puis partout où sont le dur et la souffrance il se rend, l’Amérique du sud, longuement l’Afrique. Pas pour imprimer trois rouleaux et repartir. Sur les lieux de ses sujets, il reste, longtemps, pour parler avec ceux qu’il photographie, comprendre. Il l’explique dans le film, mais on savait en les regardant qu’il ne prenait pas ses clichés à la sauvette. Comme une preuve en creux de son engagement, l’humaniste raconte, ému, pourquoi à la suite de longs séjours au Congo et au Rwanda meurtris par les atrocités que l’on sait, il décide de poser ses appareils, il n’en peut plus de cette horreur.
Il rentre au Brésil et décide de se consacrer à la renaissance de la ferme familiale devenue comme un caillou desséché. Arbre par arbre, il replante, c’est aujourd’hui une vaste forêt consacrée réserve nationale. Dans la foulée, il reprend ses boitiers, désormais pour se donner à une forme d’inventaire en images de la planète encore préservée. Et montrer qu’il y a aussi matière à s’émerveiller.
Certains ont tenté d’instruire un procès crétin à Salgado: il aurait esthétisé la misère et la souffrance. On prononce évidemment un non-lieu. Que ces procureurs bien-pensants le disent: seuls les riches et les bien-portants auraient droit à un cadre travaillé, une belle lumière et le soin d’un tirage d’auteur? Et les pauvres une image bâclée et floue. Pour faire plus vrai? La qualité des photos de Salgado n’en a pas seulement fait le succès, elle en a fait l’efficacité des causes qu’il a défendues.
La dignité des hommes et des femmes que Salgado a photographiés est intacte, c’est le plus important. Et rare.
D’abord au Brésil puis partout où sont le dur et la souffrance il se rend, l’Amérique du sud, longuement l’Afrique. Pas pour imprimer trois rouleaux et repartir. Sur les lieux de ses sujets, il reste, longtemps, pour parler avec ceux qu’il photographie, comprendre. Il l’explique dans le film, mais on savait en les regardant qu’il ne prenait pas ses clichés à la sauvette. Comme une preuve en creux de son engagement, l’humaniste raconte, ému, pourquoi à la suite de longs séjours au Congo et au Rwanda meurtris par les atrocités que l’on sait, il décide de poser ses appareils, il n’en peut plus de cette horreur.
Il rentre au Brésil et décide de se consacrer à la renaissance de la ferme familiale devenue comme un caillou desséché. Arbre par arbre, il replante, c’est aujourd’hui une vaste forêt consacrée réserve nationale. Dans la foulée, il reprend ses boitiers, désormais pour se donner à une forme d’inventaire en images de la planète encore préservée. Et montrer qu’il y a aussi matière à s’émerveiller.
Certains ont tenté d’instruire un procès crétin à Salgado: il aurait esthétisé la misère et la souffrance. On prononce évidemment un non-lieu. Que ces procureurs bien-pensants le disent: seuls les riches et les bien-portants auraient droit à un cadre travaillé, une belle lumière et le soin d’un tirage d’auteur? Et les pauvres une image bâclée et floue. Pour faire plus vrai? La qualité des photos de Salgado n’en a pas seulement fait le succès, elle en a fait l’efficacité des causes qu’il a défendues.
La dignité des hommes et des femmes que Salgado a photographiés est intacte, c’est le plus important. Et rare.
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