Comment n’en révéler pas trop quand on préférerait n’en rien dire sauf recommander l’expérience d’un voyage (trip) cinématographique pour le moins singulier.
Début du XXème siècle, localisation inconnue. Une bande de cinq ados avides d’expériences électrisant leur morne vie de gosses de riches commet un crime épouvantable façon Orange mécanique. Rattrapés par la justice, ces garçons sauvages sont envoyés en redressement: une croisière à la dure sur une goélette commandée par un rustre capitaine sadique mais qui promet aux parents de « transformer n’importe quel garçon violent en être docile« . Reste d’une éducation bourgeoise, les petits cons avaient emmené des livres, ils sont jetés à la mer par le capitaine dont l’énorme sexe est abondamment tatoué: « Si il y en a qui veulent lire, ils ont qu’à venir me voir« .
Voilà les bannis débarqués sur une île très étrange. La nature y est luxuriante et, c’est assez drôle, explicitement sensuelle, comme l’île du plaisir. Mais le plaisir ici s’accompagne d’une étrange et surprenante métamorphose des corps… Pourquoi? Pour tenter de sauver l’humanité.
Voilà les bannis débarqués sur une île très étrange. La nature y est luxuriante et, c’est assez drôle, explicitement sensuelle, comme l’île du plaisir. Mais le plaisir ici s’accompagne d’une étrange et surprenante métamorphose des corps… Pourquoi? Pour tenter de sauver l’humanité.
Fable transgenre
Ce serait une facilité de qualifier le film de barré car on aurait rien dit de sa maîtrise et sa virtuosité. Comme son titre l’indique, c’est un film sauvage c’est à dire le contraire de civilisé. Un coup de sang et de génie contre le formatage, qui mélange les genres et les inspirations, voire les hommages aux grands aînés du cinéma. Méliès, Lang, Kubrick, Fassbinder et quelques autres sont convoqués à ce feu d’artifices (bien: artifices) qui pourrait aussi être un remake non autorisé de L’île au trésor par Guy Maddin, Genet en serait le conseiller au scenario et Nina Hagen en guest de la bande originale très rock autant qu’electro (Pierre Desprats). Pourtant, bien que célébrant dans sa facture les atours démodés du cinéma d’avant-hier, le charme suranné des décors en carton-pâte, le vif noir et blanc expressionniste ou la nostalgie de la rutilance du technicolor, le film transgressif de Bertrand Mandico est ultra-moderne. Non parce qu’il utilise les techniques aujourd’hui disponibles mais parce que, comme les contes pour enfants à double-sens, il interroge -certes dans des symboliques parfois un peu appuyées. Le sexe obsessionnel et la question du genre sont au centre de sa fable fantastico-érotique, on est bien dans l’actualité. Et pour ce faire, l’astuce d’un casting inversé est l’une des trouvailles essentielles du film.
Garçons sauvages? Et si c’était des filles? Allez vérifier!
Garçons sauvages? Et si c’était des filles? Allez vérifier!
Les garçons sauvages – Bertrand Mandico (France) – 1h50
> décodage intéressant par le réalisateur qui s’explique
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