« J’espère que la musique me fait peur ! » Pascal Dusapin #302
Quand la palette du metteur en scène est pluridisciplinaire et décale le regard; quand le cinéaste du 35 mm cadre les fictions d’autres artistes; quand le philosophe et romancier atteint au cerveau s’en sort par le verbe et la pitrerie; quand le compositeur de musique – ne dites pas contemporaine – se garde de trop d’addiction; quand ça musique live, c’est DMDM : Réjouissant, radical, métis!
Réalisation: Guy Saguez
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2
- Avec :
- Le metteur en scène David Bobée,
- le cinéaste Pierre Coulibeuf,
- Le compositeur Pascal Dusapin,
- Le romancier Patrick Declerck
- et Lizz Wright et Philippe Solal pour la musique
- CONVERSATION :
-
« Rictus », le nom de la compagnie que je dirige : parce que c’est une certaine attitude. Cette petite grimace est une attitude que j’aime, quelque chose en coin. Comme un regard de biais qui pemet à la fois de sourire et de grincer. Cette tension-là me plaît et guide mon travail !
David Bobée. DMDM, 2008
-
David Bobée, scénographe, metteur en scène, décorateur, comédien, danseur, évoque son parcours, « Le laboratoire d’imaginaire social » qu’il a monté avec d’autres artistes de la Compagnie de théâtre « Rictus » qu’il dirige; la pièce qu’il met en scène: « Cannibales ».
« Son théâtre est sans frontières. Ses interprètes sont acteurs, danseurs ou acrobates, professionnels, amateurs ou en situation de handicap, et brillent par leur diversité de nationalités et de cultures. Avec eux, il donne à réfléchir le monde depuis ses périphéries et ses identités différentielles. Engagé dans une recherche théâtrale originale, il met en œuvre conjointement scénographie, écriture dramaturgique, travail du son, de l’image et du corps… » © CDN Hte Normandie (2018)« L’objet qui le prolonge… « : Un livre, choisi par lui, alors qu’il a cinq ans et que sa mère l’emmène avec son frère et sa sœur dans une librairie. Sa mère a ensuite très vite offert à l’enfant fasciné par les images qu’il était des livres de cinéma et d’effets spéciaux. David Bobée précise qu’avant d’être metteur en scène, il voulait devenir réalisateur et réalisateur de films d’horreur.
Les projets que je propose aux artistes, qu’ils soient plasticiens, chorégraphes, photographes ou écrivains leur permet d’expérimenter autre chose… Les représentations de leur travail sont innombrables mais j’arrive avec mon matériau: la pellicule et le 35 mm. Le numérique offre autre chose… Le cinéma que je leur propose implique toujours chez les artistes une attitude enthousiaste… Plus fondamentalement, ce que je propose c’est de construire quelque chose qui n’existe pas encore, une réalité nouvelle. Il y a collaboration avec ceux que je filme. Chacun amène sa part et je lui demande de produire un travail en vue de nourir ce cinéma, de produire pour une œuvre de fiction …
Pierre Coulibeuf. DMDM, 2008.
Pierre Coulibeuf, réalisateur, plasticien évoque son exposition au festival brestois des arts interdisciplinaires Antipodes’08 et la sortie du livre « Le même et l’autre » écrit avec Robert Fleck.
« Depuis sa rencontre décisive avec Pierre Klossowski, son projet artistique avec le médium cinéma se présente comme un processus transdisciplinaire et transculturel. Pierre Coulibeuf a réalisé plus de trente films, courts et longs métrages, adaptant les univers d’artistes contemporains venus d’autres disciplines: peinture, chorégraphie, performance, photographie, littérature… » © CNCLa question du pitre, des limites, du sérieux; la question du désespoir dans le bon œil des clowns est fondamentale; peut-être même une question philosophique fondamentale. Nietzsche, à la fin d’ « Ecce Homo » écrit: que reste-t’il à faire d’autre que faire le pitre?
Patrick Declerck. DMDM, 2008.
Patrick Declerck, écrivain, philosophe et psychanalyste. Anarchiste (« Le christianisme est une maladie »), alors que la médecine qui lui a découvert une tumeur au cerveau fait de lui un « hypocondriaque comblé », il signe « Socrate dans la nuit » (Gallimard).
«Se finir au Browning, malgré tout et quoique l’idée parte évidemment d’un incontestable bon sentiment, c’est vite dit… C’est bien gentil. Le principe, d’accord, est acquis. Indiscutable et clair. Mais enfin, ce n’est là, en soi, que bonne volonté creuse… Pieuse intention… Nébuleux fantasme… Au mieux, théorie… Reste les détails. Les déclinaisons du réel. Les grains d’entropie… Une foule de détails à prévoir, imaginer, penser, maîtriser. Où? Quand? Et exactement, précisément, comment? Les gestes… La cérémonie… C’est quand même tout un petit ballet à organiser…»« L’objet qui le prolonge… » est un sextant, « objet fantasmatique et mythique » qui permet de se situer par rapport aux étoiles. « C’est un instrument de lucidité qui vous situe au centre du monde… »
La musique, c’est ma façon d’être au monde. C’est un art avec lequel il faut parfois… non pas être prudent, mais qu’il faut tenir un peu à distance. C’est comme ça que je lui survis ! Si l’on n’y prend pas garde, elle peut vous enfermer… Elle peut être un ravage, au fond. Elle vous capte avec une intensité… J’espère qu’elle me fait peur. Derrière cette crainte, il y a du respect.
Pascal Dusapin. DMDM, 2008.
Pascal Dusapin, compositeur de musique dite contemporaine parle de l’Opéra « Medea » mis en scène par Antoine Gindt au Théâtre de Gennevilliers.
« Il rêvait de jouer de la clarinette, on l’a mis au piano. Sa relation à la musique a longtemps été douloureuse. Pascal Dusapin se définit comme un écrivain de la musique, seul chez lui dans le silence, il est capable de composer une partition sans jouer une note sur un instrument. Il va même plus loin, le travail du compositeur, c’est d’être à sa table, dans son atelier, sans téléphone, sans mail, sans personne qui l’embête … » © France Inter« L’objet … » : L’appareil photo qui ne le quitte pas et avec lequel Pascal Dusapin « découpe des bouts de réel ».
MUSIQUE :
- – Lizz Wright interprète deux titres de son album « The Orchard »: « My heart » et « Another angel »
- – Philippe Solal, le « DJ concepteur » et son groupe. Extrait du spectacle « The Monshine Sessions »: « Luna’s Song »
► nous écrire, s’abonner à la newsletter: desmotsdeminuit@francetv.fr
► La page facebook desmotsdeminuit.fr Abonnez-vous pour être alerté de toutes les nouvelles publications.
Articles Liés
- La série documentaire dmdm: Christophe Pascal, communicant
"Tripalium" interroge le rapport des français au travail. Cette semaine Christophe Pascal. Il est communicant.…
- 📷 Pascal Quittemelle, photographe. La série documentaire "Des mots de minuit"
"Tripalium" interroge le rapport des français au travail. Aujourd'hui, rencontre avec Pascal Quittemelle. Il est…
- Pascal Roy réalisateur de "Break a leg!": le portrait d'un comédien singulier
"Tripalium" interroge le rapport des français au travail. Cette semaine, Pascal Roy, il est réalisateur…
-
« Hollywood, ville mirage » de Joseph Kessel: dans la jungle hollywoodienne
29/06/202052680Tandis que l’auteur du Lion fait une entrée très remarquée dans la ...