Amour toujours? Tu parles… Peut-on s’affranchir de l’usure du quotidien? Passe-moi le sel, y a plus rien dans le frigo, t’as rangé une serviette de plage avec les serviettes de bain! Prends ton k-way, va y avoir de l’orage! Sophie Fillières badine joliment avec le désamour. Gai mais triste.
Arrête ou je continue – Sophie FILLIERES – 1h42
Pomme (Emmanuelle Devos) et Pierre (Mathieu Amalric) sont ensemble depuis longtemps, peut être trop longtemps. Le couple est usé. Ambiguïtés, zones d’ombre, non-dits, le désir n’est plus qu’accidentel. Pierre exaspère Pomme, autant qu’elle semble accepter qu’il la maintienne sous sa coupe. Ils se dénigrent, s’égratignent, les piques acides fusent, les petites scènes de ménage sont leur quotidien. Fleurets mouchetés, pas d’éclats de voix, mais ils ne savent plus comment se dire et quand il y a de la gêne, il n’y a plus d’amour. Un dernier terrain commun, celui de la forêt qu’il randonnent depuis toujours. Sauf que désormais ils se chamaillent aussi sur ce qu’il faut mettre dans le sac à dos et surtout marchent chacun de leur côté. Lors d’une de leurs balades, Pomme sonne le glas: elle disparaît. Pierre pense qu’elle rentrera plus tard pour un dîner prévu chez des amis. Non, Pomme restera en forêt pendant une semaine, au bord de la famine, mais se redécouvrant au naturel, au contact de faune et flore. Quand elle rentre à la maison, c’est un non-retour.
On ne taquine pas avec l’amour
Que reste-t-il de nos amours quand c’est une routine tueuse qui semble annoncer une fatale défaite? Sophie Fillières semble bien s’y connaître en la matière, en tout cas elle sait efficacement mettre ce champ de mines à l’écran. Avec un certain humour, on parlera de comédie sentimentale, sauf que le rire est jaune, gêné d’être immergé dans cette intimité bagarreuse. A moins que ce ne soit parce qu’elle nous tend le miroir des flash-back de nos propres ruptures. Certes le film a ses arythmies d’écriture, la virée forestière de Pomme est un peu longue, éloigne du sujet principal. Mais sa capacité à montrer ces petits riens qui défont et détruisent est terriblement convaincante. Le plan-séquence final et décisif vaut à lui seul le déplacement. Servi par deux des meilleurs comédiens français du moment.
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